Coups de sifflet, agitations, banderoles réclamant “Pouvoir d'achat !”, “Stop à la pression morale”. A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ce jeudi 5 mars au matin, les salariés de Lapeyre Maison, les magasins de bricolage et d'équipement de la maison, sont en colère. Ils sont une centaine, environ, venus d'un peu partout, des boutiques parisiennes, du grand magasin de Nanterre, et même de Limoges, pour protester contre la politique salariale du groupe et poursuivre une grève qui dure depuis plus d'une semaine.
“On en a ras le bol, ils ont tiré sur la corde, maintenant elle casse”, s'emporte Nasser Douidi, délégué FO. Comme les autres salariés plantés devant les grilles du magasin d'Aubervilliers, le plus grand du groupe, il réclame une hausse de salaire “décente”, de 5 % en 2009, ainsi qu'un treizième mois “et tous les avantages et primes perdus en 1992″, indique-t-il.
La direction, elle, propose 1,8 % d'augmentation. “Ils se cachent derrière la crise. On est conscient de la situation, on voit bien que ca va mal mais notre groupe est positif !”, signale M. Douidi. Le groupe, c'est Saint-Gobain, la société mère de Lapeyre, dont les profits ont atteint 1,3 milliard d'euros en 2008.
Et même si certains ont peur que la crise se solde par des plans sociaux, ils ne veulent plus continuer à travailler “comme ça”. “Je suis arrivée il y a sept ans, comme vendeuse assistante, payée 1 450 euros, raconte une jeune femme de 28 ans sous couvert d'anonymat. J'ai accepté de changer de boutiques sans aucune contrepartie. Ça fait deux ans que je demande une formation pour évoluer dans le groupe, et rien.”
A côté d'elle, Alhassane Samassa, venu de Nanterre n'a pas digéré, lui, qu'en arrivant dans le groupe, en 2007, son salaire soit de 1 350 euros au lieu des 1 400 euros bruts promis sur son contrat de travail. “Quand j'en ai parlé, on m'a dit que la direction avait changé, qu'ils n'étaient pas responsables”, raconte-t-il. “A Nanterre, certains sont payés 900-950 euros”, poursuit-il, sans plus de détails. Un peu plus loin, une quadragénaire qui travaille comme vendeuse, payée 1 350 euros net, rappelle qu'en neuf ans, elle n'a eu que 35 euros d'augmentation. “Si on est malade plus de deux jours, on n'a pas de prime !”, ajoute-t-elle.
La révolte de ces employés a débuté mercredi 25 février, lorsque les négociations salariales annuelles ont échoué. Les premiers débrayages ont eu lieu à Aubervilliers, avant de se propager à Nanterre, Lille, Calais, Chambéry, Limoges, Bourg-en-Bresse, Arcueil, Toulouse… La plupart de ces magasins ont fermé de quelques heures à plusieurs jours.
“On donne ce que l'on peut donner”, justifie pour sa part Jean-François Villard, directeur des ressources humaines de Lapeyre. L'entreprise vend des cuisines, des fenêtres, des parquets… à des particuliers qui souhaitent rénover leur intérieur. Et si Lapeyre a été frappé plus tardivement que les réseaux de professionnels par la chute de l'immobilier, “depuis quelques mois, on sent vraiment la crise”, signale M. Villard. “Quand on voit ce qui se passe chez nos voisins qui licencient, 1,8 % d'augmentation ce n'est pas si mal”, conclut-il.La direction a toutefois fait un effort en proposant, mardi 3 mars, au-delà des 1,8 % d'augmentations individuelles, une prime exceptionnelle de 350 euros et une revalorisation des minima de 1,5 % à 3 % au-dessus de la grille de la branche bricolage. A la suite de ces propositions, le syndicat CFDT a appelé à reprendre le travail, censé permettre à la plupart des magasins de rouvrir, tandis que FO, la CGT, la CFTC jugeaient encore ces avancées insuffisantes.
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Droit de réponse
La communication diffusée sur différents sites internet au cours des derniers jours nécessite que les faits soient rétablis. La Société Saint-Gobain Recherche...
Saint-Gobain Recherche - (non membre) - 06/02/2009